dimanche 12 avril 2015

Le peintre Marwan Moujaes: Nous, les artistes, changerons le monde!

L'artiste-dessinateur libanais Marwan Moujaes a accepté de discuter avec Les ChroniCoeurs depuis Paris où il réside désormais. En 2014, Marwan Moujaes avait illustré le recueil Né ni mâle ni femelle du poète libanais Adham Al-Dimashki. Nos questions porteront surtout sur ce travail commun entre les deux artistes.

Les ChroniCoeurs: Avez-vous peint ces dessins pour le texte d'Adham Al-Dimashki ou sont-ils indépendants de son texte?

Marwan Moujaes: Les oeuvres existent en soi et pour soi, les dessins peuvent exister sans le texte et le texte existe sans eux, le livre est un espace de jeux entre ces deux arts. Parfois, ils se rencontrent et se fusionnent, et d'autres fois ils se disputent.


Les ChroniCoeurs: Donc vous vous étiez mis d'accord avec Adham Al-Dimashki pour élaborer ensemble le livre mais votre oeuvre et celle d'Adham sont restées indépendantes l'une de l'autre?

Marwan Moujaes: Oui, les oeuvres parlent ensemble mais chacune reste autonome, et possède sa propre personnalité.


Les ChroniCoeurs: Vous avez dit que vos dessins n'ont pas de nom, comment faites-vous pour qu'un spectateur non informé comprenne le thème du dessin?

Marwan Moujaes: Le spectateur n'est pas un souci pour moi, qu'il comprenne ou non n'est pas mon problème; je voudrais qu'il reconnaisse un certain état. Je ne veux ni qu'il aime ni qu'il comprenne, je voudrais le bousculer, je voudrais qu'il se pose des questions. Quand un enfant sent le parfum de sa mère sur le trottoir, il ne comprend pas mais il est bouleversé, il est amené ailleurs. L'art c'est amener ailleurs.


Les ChroniCoeurs: Le spectateur est capable de pressentir certains sentiments qui se dégagent du dessin, la douleur ou la joie par exemple.

Marwan Moujaes: La joie et la douleur sont à la surface des choses, je cherche à poser des questions plus dures. Je cherche à ramener l'homme vers ses souvenirs, le moment présent, le projeter dans le futur, le ramener vers son humain et parfois le pousser vers son animalité. Je ne travaille pas avec un spectateur à l'esprit, mais j'ai toute l'humanité à l'esprit.


Les ChroniCoeurs: Êtes-vous contre qu'une oeuvre d'art soit expliquée et explicitée par exemple grâce à une critique littéraire ou artistique ou grâce à un cours etc...? Pensez-vous qu'une explication pareille pourrait nuire à l'effet bousculade que vous voulez créer chez le spectateur?

Marwan Moujaes: Je suis contre le fait qu'un artiste vienne prêcher ou enseigner dans son travail. Tout le travail analytique qui vient après le travail lui donne de la force, mais à condition qu'il vienne après la création.


Les ChroniCoeurs: Nous n'avons pas été éduqués à comprendre l'art contemporain. C'est le problème de toute une génération.

Marwan Moujaes: Malheureusement c'est du chinois pour vous. Mais. comme disait Picasso, le chinois s'apprend. Tout va changer bientôt. Nous, les artistes, allons changer le monde!





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