mardi 31 mars 2015

Marwan Moujaes crée un nouveau langage et une nouvelle rationalité par la peinture




Ce dessin représenterait la création d'un nouveau langage par la peinture. À chaque chiffre correspondrait une nuance. Pourtant, si tel est le cas, alors pourquoi quelques chiffres sont-ils répétés? Certains observateurs pensent qu'il s'agirait de jours, d'années ou de nombres qui ont marqué l'artiste. Interrogé à ce sujet, le peintre Marwan Moujaes répond: "Je répète beaucoup les 28, le chiffre du cycle de la femme, le  nombre qui précède la douleur ou la naissance." Pourquoi aussi certaines nuances ne sont-elles pas numérotées? Car ce dessin serait encore tout simplement le brouillon d'un nouveau langage, c'est pourquoi des ratures et des vides existent, le peintre serait encore indécis.

























Dans ces deux dessins, le peintre Marwan Moujaes essaie de retrouver une certaine rationalité. Ce serait ainsi des brouillons de nouveaux langages, de nouvelles idées.

vendredi 27 mars 2015

Le peintre Marwan Moujaes sur l'une de ses toiles: "Tout est dans l'ombre, ordre et désordre ne signifient plus rien"


La page du recueil d'Adham Al-Dimashki, Né ni mâle, ni femelle illustrée par Marwan Moujaes


Si nous lisons la peinture à la lumière du texte écrit par Adham Al-Dimashki, (le peintre Marwan Moujaes nous le permet, car selon lui, le texte d'Al-Dimashki et son dessin se nourrissent l'un de l'autre), nous dirions qu'ici, l'être est troublé par l'irrégularité de la vie. Adham Al-Dimashki donne pour titre à cette partie de son oeuvre: "Tableaux d'enfance et de pauvreté". Dans le recueil poétique, l'enfance qui est supposée être régulière et normale est renversée par la mort du père. C'est pourquoi nous avons un renversement des chiffres qui correspond au renversement de l'ordre des choses. Certains chiffres manquent, ce qui pourrait référer au manque généré par la mort du père. Le peintre Marwan Moujaes, lui, a une autre vision pour ce dessin: "Tout est dans l'ombre, ordre et désordre ne signifient plus rien".

mardi 24 mars 2015

Le peintre Marwan Moujaes à propos de l'oiseau de sa toile: "Moi, je le vois chanter!"

La toile illustrant le recueil du poète Adham Al-Dimashki, Né ni mâle ni femelle


Dans cette toile, l'observateur remarque d'abord un chaos: des éléments sans grand rapport les uns avec les autres (de la cendre, du blé, des pièces de fer, des mots, des chiffres...). Et, au milieu de tout ce désordre, une tâche sanglante: l'oiseau qui paraît transpercé par les pièces de bois de part et d'autre. C'est de toute évidence une toile violente. D'ailleurs, il ne reste que la moitié de l'animal. Les pièces de bois prennent la forme d'un chevalet qui porte l'oiseau. Dans cette toile, tout se passe comme si l'oiseau était une toile ou par transposition le peintre lui-même déchiré par le chaos. Quand nous l'avons interrogé, le peintre a ajouté: "Ces pièces peuvent tout aussi former une chaise. Mais j'ai surtout voulu représenter sa majesté la charogne, la poésie dans la perte.", faisant ainsi référence au célèbre poème de Baudelaire poétisant sur la beauté de la laideur, ce qui explique la présence simultanée de la cendre et du blé dans la toile. Le grand dilemne entre les observateurs est de savoir si l'oiseau de la toile est mort ou uniquement blessé. Certains tiennent à trouver un oiseau agonisant tandis que d'autres insistent pour dire qu'il est mort. "J'ai le même problème que vous, dit Marwan Moujaes, je ne sais pas. Moi je le vois chanter." Le chant du cygne au moment de sa mort.


Croquis de l'oiseau



samedi 21 mars 2015

Critique littéraire: La biographie mourra-t-elle au XXIème siècle? (l'article complet)

Le XXIème siècle verra-t-il la fin du genre biographique? Cette littérature a-t-elle perdu son importance et sa place parmi les autres? Nos questions pourraient surprendre et choquer le lecteur; mais nous devons aujourd'hui suivre les évolutions de notre époque et nous poser des questions intelligentes et légitmes. 

En effet, à l'ère Internet, quel rôle pourrait encore jouer la biographie? Et avons-nous toujours besoin de ce genre d'écriture? Effectivement, durant nos recherches, nous ne lisons plus de livres mais consultons systématiquement Internet comme s'il était devenu le seul et unique moyen d'information. Au lieu de lire un essai biographique, nous visitons par quelques clics quelques sites électroniques, et nous trouvons tout ce que nous voulions savoir.

Internet devance aujourd'hui la biographie sur plusieurs points importants: en un instant, Internet présente au lecteur des informations innombrables provenant de sources différentes, tandis que l'essai biographique présente au lecteur les informations d'un chercheur dont le point de vue est parfois subjectif ou partiel. Le lecteur d'une biographie doit souvent lire le livre entier pour acquérir la totalité des informations. Pendant ce temps, le lecteur d'Internet parcourt des résumés de diverses sources; il acquérit une vision englobante du sujet. Pourquoi cette différence? Tout simplement parce que la biographie doit suivre les règles de la narration et du récit, elle doit comprendre des descriptions, des explications et des dialogues; alors que l'écriture sur Internet ressemble plus à l'écriture journalistique et encyclopédique: beaucoup d'informations en peu de mots.  

Qui aurait encore besoin de la biographie aujourd'hui? Pour qui subsisterait cette écriture et sous quelles conditions? Cette écriture existerait toujours pour les chercheurs qui voudraient étudier le point du vue du biographe sur le personnage dont il retranscrit l'existence, et pour les férus de culture qui voudraient joindre l'utile à l'agréable, les informations au texte narratif. Pourtant, si nous exceptons ces rares personnes, nous trouverons que la biographie est devant un véritable défi. 

Nous remarquons que, face à ces difficultés, les biographes utilisent aujourd'hui de nouvelles stratégies pour attirer les lecteurs: certains admettent que leur but n'est pas l'historicisation, mais l'écriture d'une trame romanesque bien assise; ils écrivent alors des romans historiques qui font rêver le lecteur. D'autres intègrent à la biographie des informations exclusives dont ils font grand cas et qui surprennent le lecteur; d'autres encore présentent au lecteur un aspect encore inconnu du personnage en question; ils s'éloignent alors du roman historique pour écrire un roman psychologique repertoriant la vie psychique du personnage.

Peu à peu, la biographie revient à sa nature première: un texte narratif relatant la vie d'un personnage... avec quelques prises de liberté.

mardi 17 mars 2015

Critique littéraire: La biographie mourra-t-elle au XXIème siècle? (troisième partie et fin)


Qui aurait encore besoin de la biographie aujourd'hui? Pour qui subsisterait cette écriture et sous quelles conditions? Cette écriture existerait toujours pour les chercheurs qui voudraient étudier le point du vue du biographe sur le personnage dont il retranscrit l'existence, et pour les férus de culture qui voudraient joindre l'utile à l'agréable, les informations au texte narratif. Pourtant, si nous exceptons ces rares personnes, nous trouverons que la biographie est devant un véritable défi. 

Nous remarquons que, face à ces difficultés, les biographes utilisent aujourd'hui de nouvelles stratégies pour attirer les lecteurs: certains admettent que leur but n'est pas l'historicisation, mais l'écriture d'une trame romanesque bien assise; ils écrivent alors des romans historiques qui font rêver le lecteur. D'autres intègrent à la biographie des informations exclusives dont ils font grand cas et qui surprennent le lecteur; d'autres encore présentent au lecteur un aspect encore inconnu du personnage en question; ils s'éloignent alors du roman historique pour écrire un roman psychologique repertoriant la vie psychique du personnage.

Peu à peu, la biographie revient à sa nature première: un texte narratif relatant la vie d'un personnage... avec quelques prises de liberté.

vendredi 13 mars 2015

Critique littéraire: La biographie mourra-t-elle au XXIème siècle? (deuxième partie)

Cliquez pour lire la première partie de cette critique.

En effet, à l'ère Internet, quel rôle pourrait encore jouer la biographie? Et avons-nous toujours besoin de ce genre d'écriture? Effectivement, durant nos recherches, nous ne lisons plus de livres mais consultons systématiquement Internet comme s'il était devenu le seul et unique moyen d'information. Au lieu de lire un essai biographique, nous visitons par quelques clics quelques sites électroniques, et nous trouvons tout ce que nous voulions savoir.

Internet devance aujourd'hui la biographie sur plusieurs points importants: en un instant, Internet présente au lecteur des informations innombrables provenant de sources différentes, tandis que l'essai biographique présente au lecteur les informations d'un chercheur dont le point de vue est parfois subjectif ou partiel. Le lecteur d'une biographie doit souvent lire le livre entier pour acquérir la totalité des informations. Pendant ce temps, le lecteur d'Internet parcourt des résumés de diverses sources; il acquérit une vision englobante du sujet. Pourquoi cette différence? Tout simplement parce que la biographie doit suivre les règles de la narration et du récit, elle doit comprendre des descriptions, des explications et des dialogues; alors que l'écriture sur Internet ressemble plus à l'écriture journalistique et encyclopédique: beaucoup d'informations en peu de mots.  


Chers lecteurs, qu'en pensez-vous? Avez-vous quelque chose à ajouter? Retrouvez-nous très prochainement pour la troisième et dernière partie de cette critique où nous expliciterons les stratégies que les biographes suivent pour faire face au défi Internet...     

mardi 10 mars 2015

Critique littéraire: La biographie mourra-t-elle au XXIème siècle? (première partie)

Le XXIème siècle verra-t-il la fin du genre biographique? Cette littérature a-t-elle perdu son importance et sa place parmi les autres? Nos questions pourraient surprendre et choquer le lecteur; mais nous devons aujourd'hui suivre les évolutions de notre époque et nous poser des questions intelligentes et légitmes. 

Qu'en pensez-vous, chers lecteurs? Retrouvez-nous d'ici quelques jours pour lire la suite de cette chronique et savoir ce qui justifie de pareilles interrogations. 

Cliquez pour lire la deuxième partie de cette critique.

samedi 7 mars 2015

Extraits: "Notes sur les poèmes cités" du Roi disait que j'étais diable de Clara Dupont-Monod

J’aime fort qu’elle me rende fou 
Qu’elle me laisse là, nez levé 
Qu’elle rie de moi, qu’elle me bafoue
Autant en public qu’en privé.
Après le mal viendra le bien, 
Je n’attends que son bon plaisir.  
Hélas d’amour je n’ai gagné 
Que des tortures et des angoisses 
Mon désir s’élance vers vous 
Mais il ne peut pas vous atteindre 
Et rien ne me fait plus envie 
Que ce qui s’éloigne de moi. 

Extraits de la Chanson de Cercamon. Ce jongleur était originaire de la Gascogne. Il fréquenta les cours du Poitou et du Limousin. Il nous reste de lui sept poèmes, qu’il composa entre 1135 et 1145.


Sire, dit la paysanne
L’homme encombré de folie 
Jure, promet et s’engage
Mais de semblables hommages 
Ne donnent pas droit d’entrée  
Je garde mon pucelage 
Nul ne me dira putain !  

Pastourelle de Marcabru. Jongleur et gascon, comme Cercamon, il était un enfant trouvé. Il résida dans plusieurs cours du midi de la France ainsi qu’en Espagne. Il nous reste de lui 45 pièces, composées entre 1129 et 1150, dont sa raillerie  à l’encontre de Louis VII:

Haut et grand, branchu et feuillu, 
De France en Poitou parvenu, 
Sa racine est méchanceté 
Par qui Jeunesse est confondue… 

Avec cette chanson, Marcabru se serait vengé d’avoir été chassé par Louis VII, ce dernier étant jaloux des strophes enflammées consacrées à Aliénor.


Elle peut m’inscrire en ses livres, 
Ne croyez pas que je sois ivre, 
Désir de ma dame me tient
Sans elle je ne peux pas vivre. 
De son amour j’ai si grand faim.  

Chanson de Guillaume de Poitiers, le grand-père d’Aliénor d’Aquitaine. Né en 1071,       il est le premier troubadour connu. Dans ses chansons, il posa les bases de l’amour courtois. Dans la vie,  il fut excommunié plusieurs fois par l’Église, en raison de ses mœurs libertines et de son appétit guerrier.


Jamais d’amour je ne jouirai 
Si je ne jouis de cet amour lointain 
Je voudrais, pour elle, 
Être appelé captif là-bas 
Au pays des Sarrasins.  

Chanson de Jaufré Rudel, parmi les six conservées. Celle-ci fait référence à la            deuxième  croisade  dont  
Jaufré  Rudel faisait   partie. La  légende  raconte  qu’il  s’engagea   auprès  de  Louis VII pour aller   retrouver   Hodierne, princesse  de  Tripoli,  qu’il aimait sans avoir jamais vue, et qu’il mourut dans ses bras en arrivant au port.


A l’entrée du temps joli
Pour réveiller l’allégresse 
Et assombrir le jaloux 
La reine a voulu montrer 
Comme elle est amoureuse.  

Ballade anonyme, du XIIe siècle. La ballade était une poésie « à danser », le plus                     
souvent           dès           le         mois                d’avril,           avec       le           printemps. On         la      chantait          en       plein      air, à        voix       nue,   
en faisant une ronde.


En un verger sous la fleur d’aubépine
La Dame tient près d’elle son ami 
Le guetteur crie que le soleil se lève
Mon Dieu, mon Dieu, comme l’aube vient tôt ! 
Gracieuse elle est cette dame, et plaisante 
Pour sa beauté l’admirent maintes gens, 
Et      son cœur sait ce qu’est l’amour loyal
Mon Dieu, mon Dieu, comme l’aube vient tôt ! 
Qu’il plaise à Dieu que la nuit s’éternise, 
Que mon ami ne s’éloigne de moi 
Que le guetteur ne voie poindre le jour. 
Mon Dieu, mon Dieu, comme l’aube vient tôt ! 

Cette aube (chant du matin) est anonyme. Ecrite probablement au xiie siècle, elle est considérée comme une des plus belles de la poésie provençale.Elle se rattache à la canso (chanson), qui fonde la lyrique occitane.  

Ces informations sont extraites de Poésie des Troubadours, Anthologie, préface et choix d’Henri Gougaud, Seuil, Point Poésie, 2009.